| publié le 11 juillet 2003 |
Aux sans-papières et sans-papiers et leurs supporters qui manifestent au Square-Jardin Villemin, à Paris samedi le 12 juillet 2003.
Acceptez nos salutations solidaires et notre appui entier à votre lutte pour de meilleurs conditions de vie. Nous sommes des femmes et des hommes, immigrants et non immigrants, réfugié/es, personnes de couleur qui travaillons avec celles et ceux qui parmi nous se battent pour obtenir leurs papiers.
Comme en France, des milliers de personnes sont maintenant privés d’hébergement et se retrouvent à la rue alors qu’elles sont venues chercher asile en Angleterre. Un grand nombre de ces personnes sont des femmes d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Europe de l’Est. Certaines d’entre elles ont fuit des zones de guerre et des dictatures soutenues par l’Occident, avec leurs enfants, après avoir été victimes de viol et autre torture. Elles font maintenant face à l’impossible alternative entre vivre dans la rue ou être enfermées dans des centres d’hébergement ou de détention, qui ne sont en fait que des prisons. Les enfants qui cherchent asile sont aujourd’hui privés du droit d’aller à l’école avec d’autres enfants.
Le nouveau mouvement des sans-papiers, initié par des Africaines et des Africains a su donner une orientation au mouvement contre les lois d’immigration et le racisme. Nous appuyons les occupations d’églises et les autres actions en France depuis 1996, et en Espagne en 2001, où se trouve des membres de notre réseau. La détermination des sans-papiers, et en particulier des sans-papières, d’être autonomes des partis politiques et du secteur associatif établi a été un précédent essentiel pour nous toutes et tous qui luttons pour une plus grande justice. L’autonomie à l’égard du secteur associatif est encore plus décisif aujourd’hui.
Le mouvement pour des "papiers pour tous" s’est répandu en Europe et en Amérique du Nord, et insuffle une vie nouvelle au mouvement en Angleterre. Il est une source d’inspiration alors que nous confrontons quotidiennement le secteur associatif établi pour lequel l’asile n’est plus un droit humain, mais une entreprise de laquelle ils peuvent tirer profit à nos dépens.
En vertu de lois récentes, le gouvernement a privatisé les services publics offerts aux demandeuses et demandeurs d’asile, en les sous-traitant à des organisations du secteur associatif. Le Refugee Council (RC) et cinq autres ONG administrent maintenant le "soutien" pour le compte du gouvernement.
De concert avec l’organisation Legal Action for Women, nous dénonçons ces ONG qui administrent des politiques gouvernementales racistes et inhumaines. Ces politiques incluent : l’hébergement des femmes vulnérables dans des bâtiments délabrés où elles doivent partager les toilettes et les salles de bain avec les hommes - une femme y a récemment été violée, et des plaintes de violence sexuelle ont été portées ; l’expulsion de leur habitation temporaire des demandeuses et demandeurs d’asile, y compris des mères avec enfants qui se retrouvent à la rue ; le déplacement des gens dans des zones isolés, loin des ressources d’appui et où elles sont plus vulnérables aux attaques racistes ; des femmes enceintes, âgées ou vulnérables sont forcées de faire la file au bureau du Refugee Council parfois à partir de 4 heures du matin pour souvent se faire répondre que rien ne peut être fait.
Nous exigeons que ces politiques soient abolies. Les demandeuses et demandeurs d’asile doivent avoir droit aux allocations sociales, au logement et à services d’éducation comme le reste de la population.
Votre action est une inspiration et une source de pouvoir pour nous. Nous espérons que vous trouverez également une inspiration dans nos actions pour renforcer votre lutte et maintenir le contact avec nous !
La lutte continue.
Sara Callaway (BWWFH) Benoit Martin (Payday)
Londres, le 12 juillet 2003