COMMUNIQUE
par exiles10 | publié le 28 juillet 2003 |
L’État se moquerait-il délibérément des demandeurs d’asile ? Les exilés du Xème arrondissement de Paris et leurs soutiens se le demandent plus que jamais.
Depuis que ce groupe d’une bonne centaine d’Afghans, de Kurdes iraniens et irakiens, initialement à la rue pendant des mois, s’est mis à protester publiquement contre les conditions dégradantes auxquelles il était soumis au vu et au su de tous, il a obtenu quelques avancées (hébergement en hôtels d’une partie d’entre eux, petits gestes alimentaires, procédures rapides et légales à la préfecture de police de Paris). La France leur semblant alors fréquentable, ils furent nombreux à y solliciter l’asile.
Voilà que discrètement, peut-être à la faveur de l’été, toutes ces conquêtes semblent susceptibles d’appartenir bientôt au passé. La Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de Paris invitée, en mai 2003, par le ministère des affaires sociales et par le secrétariat d’État chargé de la lutte contre la précarité et l’exclusion, à procéder au financement des améliorations de leur sort, fait mine de ne plus se souvenir des exilés. Elle fait même pression sur les associations gestionnaires de leur hébergement pour qu’elles réduisent considérablement le nombre de chambres disponibles.
Quant à la préfecture de police de Paris, elle revient à ses vieilles habitudes d’illégalités en tous genres qui compliquent les demandes d’asile, comme s’il s’agissait pour elle de dissuader en priorité les persécutés de chercher une protection en France.
Ces atteintes aux droits des demandeurs d’asile frappent les exilés du Xème arrondissement de Paris, comme elles frappent des milliers d’autres demandeurs d’asile partout en France.
Assisterait-on à la mise en oeuvre d’une stratégie calculée de l’État, destinée à écoeurer les Afghans, les Iraniens, les Irakiens et, à travers eux, les demandeurs d’asile en général ? Serions-nous en train d’expérimenter les effets d’une tactique des pouvoirs publics visant à fatiguer et à décourager les défenseurs du droit d’asile ? L’administration chercherait-elle à pousser les exilés vers d’autres pays ?
Face à ces évolutions négatives et face à la faillite du dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile, les exilés du Xème arrondissement de Paris et leurs soutiens ont l’intention de réagir et d’obtenir des explications. Ils veulent que l’État leur notifie ses intentions à leur égard pour aujourd’hui et pour demain. Ils entendent également savoir quelle est la politique de la France en matière d’accueil, de procédure administrative, d’assistance matérielle et juridique, d’hébergement.
C’est pourquoi ils appellent à un rassemblement de protestation.
Rassemblement le lundi 28 juillet 2003 à 18 heures devant la DDASS
75 rue de Tocqueville (17ème) métro Wagram
contre la politique de dissuasion de l’État à l’encontre des demandeurs d’asile
Pour un respect de l’égalité des droits avec les nationaux, conformément à la Convention de Genève ;
Pour un financement satisfaisant du dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile et, dans l’attente, la transparence et l’accroissement du financement de l’hébergement d’urgence en faveur de tous les demandeurs d’asile ;
Pour la mise en place d’un dispositif d’hébergement et de restauration conforme au respect de la dignité humaine en faveur des personnes isolées, notamment à Paris ;
Pour le financement de cours de français langue étrangère au bénéfice de celles et de ceux qui en éprouvent le besoin ;
Et aussi
Contre les illégalités des préfectures à l’encontre des demandes d’asile et pour que ces préfectures soient dotées de moyens suffisants.
Paris, le 28 juillet 2003