Les conséquences d’une politique à la Ponce Pilate
| publié le 2 décembre 2003 |
Le parking souterrain de l’immeuble sis au 16-22 de la rue d’Enghien, dans le Xème arrondissement de Paris, où survivaient plusieurs dizaines d’Irakiens et d’Afghans depuis quelques mois, a été évacué sans violences le 1er décembre 2003 vers 10h30 par la police. Une société de gardiennage affrétée par la société RUF-3F, l’un des principaux organismes gérant des HLM, occupe désormais les lieux à l’aide de deux agents et d’un... chien.
Plusieurs dizaines d’exilés se trouvent donc à la rue en plein hiver.
S’il est vrai que la présence de ces exilés dans le parking pouvait, en dépit de leur comportement irréprochable, susciter quelques inconvénients, notamment en matière d’hygiène, il est surtout vrai que l’évacuation inhumaine qui vient d’avoir lieu incombe à l’inertie des pouvoirs publics. En dépit de multiples démarches auprès du ministère des affaires sociales, de la mairie de Paris et de la mairie du Xème arrondissement, aucune autorité politique n’a pris à bras le corps la question des exilés qui errent dans les rues de Paris depuis la fermeture du camp de Sangatte.
Alors qu’ils étaient informés de la situation de ces exilés, contraints par leur inaction à assurer misérablement leur survie dans un parking souterrain, tous les responsables politiques ont joué l’exaspération des habitants de l’immeuble contre la présence des étrangers, attendant secrètement l’évacuation qui vient d’avoir lieu. Outre qu’elle est particulièrement irresponsable, leur inertie apporte la preuve que ces décideurs politiques sont plus attentifs aux exigences des xénophobes que soucieux du respect des droits fondamentaux.
Face à cette attitude à la Ponce Pilate, le Collectif de soutien des exilés du Xème arrondissement de Paris ne va pas rester les bras croisés. Puisque les politiques n’osent exercer leurs responsabilités, les citoyens devront le faire à leur place.
Paris, le 2 décembre 2003