Expulsions sur des lignes régulières : des passagers témoignent

| publié le 8 décembre 2003 |

Air France expulse quotidiennement sur ses lignes régulières ; à plusieurs reprises récemment, des passagers se sont retrouvés débarqués de leur avion, mis en garde à vue et poursuivis pour avoir réagi à ces expulsions. Quelques témoignages : Air France expulse quotidiennement sur ses lignes régulières ; à plusieurs reprises récemment, des passagers se sont retrouvés débarqués de leur avion, mis en garde à vue et poursuivis pour avoir réagi à ces expulsions. Quelques témoignages :

Témoignage paru dans Libération Rubrique Rebonds du lundi 13 octobre 2003

Aéroport international Roissy-Charles-de-Gaulle, terminal 2 B, jeudi 2 octobre (2003) à 9 h 45. Des chiens aboient, des cris, des bousculades devant des files d’attente de passagers médusés. Six ou sept policiers et deux maîtres-chiens tentent d’embarquer de force un jeune couple et leur enfant sur le vol Air France 1590 à destination d’Istanbul (Turquie).

Le mari est traîné par les pieds jusqu’à l’avion, au milieu des passagers. Sa femme hurlant d’angoisse est saisie par deux policiers, suivie d’un agent tenant leur enfant d’environ 3 ans, témoin de ces scènes traumatisantes, victime sur le vif de la destruction de l’image parentale. […] Les passagers involontairement pris à partie deviennent les otages, sinon les complices, d’une telle mise en scène. Il faut ici saluer la juste attitude du commandant de bord qui, malgré d’évidentes "pressions" policières, a refusé au nom de la sécurité d’embarquer cette famille contre son gré. Quel aurait été son destin, expulsée en Turquie dans le plus grand dénuement ? Actuellement en France, cette famille est passible de six mois de prison ferme pour "refus d’embarquement".

Article paru dans Libération le samedi 26 juillet 2003

A. passagère du vol Air France 796, Paris-Bamako, en juin dernier, raconte comment elle s’est émue d’assister à une expulsion. Et comment, pour cette raison, elle a été débarquée de l’avion :

« L’embarquement commence à 15 h 50. Avec le siège 36G, je suis vers le fond de l’appareil. A la dernière rangée, je vois trois fonctionnaires de police en train de maîtriser violemment un homme, visiblement rapatrié contre son gré. Cet homme crie : "Je ne veux pas partir", les policiers le maintiennent de force à son siège alors qu’il se débat. Deux sont sur les sièges voisins, le troisième est sur le siège devant lui, retourné. J’aperçois des gants de cuir noir aux mains de l’un des policiers en uniforme qui plaque l’homme contre son siège par les épaules et la poitrine.

Décollage. Je décide de m’adresser au commandant de bord.Je lui demande s’il sait que l’escorte policière fait usage de la force pour maîtriser un expulsé. Je lui dis que cela me fait peur de voyager dans ces conditions, que j’ai peur aussi pour cette personne. Il me répond qu’Air France n’a pas le choix et me propose de changer de place. Je refuse disant que cela ne sert à rien. Il me demande si je souhaite débarquer, je refuse aussi. En traversant l’avion pour regagner mon siège, je dis à d’autres passagers : "Vous savez qu’on voyage avec quelqu’un qui est expulsé ?" Personne ne réagit. Au fond de l’avion je discute avec un policier en civil qui m’explique que l’expulsé avait promis de partir sans rien dire. Il me propose de revenir pendant le vol voir si on peut le détacher, s’il s’est calmé. Je me rassois, décidée à voyager malgré tout dans ces conditions. En attendant le décollage, l’expulsé continue à protester : "Je ne veux pas rentrer !" L’escorte policière le maintient toujours brutalement, en essayant d’étouffer ses cris. A ce moment-là une femme d’âge mûr interpelle les passagers, en disant qu’on ne peut pas admettre qu’on traite quelqu’un comme ça. Les gens l’approuvent, au moins une dizaine de personnes se lèvent, moi aussi. Les hôtesses passent dans l’allée pour demander aux passagers de s’asseoir, les gens refusent mais restent à leur place. Nous protestons mais personne ne s’en prend directement aux policiers. Un homme scande "Descendez !", nous reprenons ce mot. Très vite l’escorte policière débarque l’expulsé. Immédiatement le calme revient, les gens s’assoient, soulagés. Des gens qui ne s’étaient pas levés disent qu’on a bien fait. Mais les policiers restent dans l’avion, en conciliabule avec le commandant de bord. Quelques passagers s’émeuvent : "Est-ce qu’ils ne vont pas le faire embarquer à nouveau, maintenant que nous nous sommes assis ?"

Bagages. A ce moment-là un membre du personnel technique de l’aéroport, en chasuble fluorescente jaune, me demande ma carte d’accès à bord. Je la lui remets. Le commandant de bord se rapproche de nous, le technicien lui demande : "C’est elle ?" Le commandant de bord dit : "Oui", il demande : "On la débarque ?" Je prends les devants en disant qu’il n’y a aucun problème, que je suis calme et disposée à voyager. On me rend ma carte. Je continue à discuter avec mes voisins. Je dis : "On achète un billet Air France, et en plus on nous demande de nous taire, c’est du chantage." Mon voisin : "Ne vous inquiétez pas, s’ils avaient voulu vous débarquer on ne les aurait pas laissés faire." Le technicien revient et me dit : "Veuillez me suivre", je lui demande si je dois prendre mes bagages à main, il me dit : "Oui". Je m’exécute sans protester. C’est très rapide, je pars dans le silence. Au fond de l’avion, je suis menottée, et je descends encadrée par deux policiers en uniforme. D’après les documents établis au poste de police, il était 16 h 50. »

 

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