Dépêche AFP
| publié le 15 décembre 2003 |
PARIS, 15 déc (AFP) - Des associations ont réclamé lundi à Paris un lieu d’accueil pour les centaines de migrants notamment kurdes et afghans, qui sont laissés à eux-mêmes depuis la fermeture du centre de rétention de Sangatte fin 2002 et errent par groupes dans plusieurs villes françaises.
A Calais, à Reims, à Bordeaux, à Paris ou sur la côte normande, ils sont des centaines à vivre au jour le jour, se réunissant par groupes, dans des parcns la force de l’âge, parfois sur les routes d’Europe depuis quatre ans, dont les parents avaient le moyen de leur faire passer les frontières, éduqués, avec parfois une excellente formation professionnelle", explique Violaine Carrère, vice-présidente du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés).
"Ils ne savent pas où aller. Ils ne sont plus en capacité de savoir s’ils veulent rester ou partir ailleurs", poursuit Claude Moncorgé, président de Médecins du Monde.
Fuyant la guerre, la répression ou la misère, ces migrants sont pour la plupart Kurdes, d’Irak, de Turquie ou d’Iran, et Afghans. Mais il y a aussi des Tchétchènes ou des Soudanais du Sud. Selon Violaine Carrère, ils sont au total au moins aussi nombreux que les 1.600 à 1.800 personnes comptabilisées au centre de rétention de Sangatte au moment de sa fermeture fin 2002.
"On ne veut pas un nouveau Sangatte, on veut mieux que Sangatte", réclame Mme Carrère. "Ils ne veulent pas être dispersés. Etre ensemble, c’est leur force", explique la présidente de France Libertés Danielle Mitterrand qui a réclamé "un lieu où on leur donnerait le temps de prendre leur destin en mains" et "où on leur dirait leurs droits".
Selon Violaine Carrère, "on est dans une situation d’indignité plus grande encore" qu’avec le centre de rétention".
"Sangatte a été fermé pour disperser ces populations.
C’était un abcès de fixation qui ne faisait pas propre", a dénoncé Claude Moncorgé, président de Médecins du Monde. "Le but c’était d’isoler ces gens, qu’ils ne se voient plus, qu’ils se confondent dans la masse des SDF", selon Violaine Carrère. Mais, poursuit la militante, "ils vont continuer d’arriver, je ne vois pas ce qui empêcherait les Tchétchènes et les Afghans de continuer à fuir".
Entre jeudi et lundi, 80 d’entre eux ont été hébergés dans des conditions précaires dans le hall des locaux parisiens de Médecins du Monde.
Le 1er décembre, ils avaient été chassés du parking souterrain d’un immeuble du XXe arrondissement de Paris. Pour Violaine Carrère, ces hommes, "en quête d’un asile qui semble toujours s’éloigner", "qui ne rentrent pas dans les catégories juridiques fixées", sont "le nouveau visage de l’immigration".