| publié le 27 mars 2003 |
« En Irak, j’ai un travail, une maison, une voiture. Ici, je n’ai rien. Même pas un passeport. » Azad, 29 ans, est arrivé à Paris il y a trois jours. Il s’est réfugié aux abords d’un square du 10e arrondissement, derrière la rue du Faubourg-Saint-Denis, où sont regroupés 200 autres Irakiens, Kurdes pour la plupart.
La guerre, les menaces qui pèsent sur son peuple, l’ont conduit à fuir sa ville, Douhk, et son pays. Sa famille s’est réfugiée dans les montagnes. « Loin des bombes. »
Comme tous ses « frères irakiens, kurdes ou arabes », il espère passer en Grande-Bretagne. L’eldorado dans l’esprit de ces exilés. « Là-bas, on nous donnera des passeports, on pourra travailler », dit-il.
En attendant, ils palabrent le jour. La nuit, ils restent là, à même la rue, emmitouflés dans des cartons pour se protéger du froid. « On ne veut pas aller dans les camps (Ndlr : les centres d’hébergement d’urgence). Ceux qui y vont deviennent fous. » A cause de la drogue, du manque de sommeil, de la faim...
La prochaine étape, c’est Calais. Se cacher sous un camion pour prendre un ferry. Certains reviennent déjà, un peu déçus. « Avec ses grosses machines, la police arrive à détecter la chaleur humaine. C’est risqué. Je n’ai pas envie d’aller en prison, je suis un homme honnête. » Un Irakien, arabe celui-là, veut retourner chez lui. « L’Irak est une grande famille, soudée, unie. Saddam vaincra. J’y retournerai. »
Benjamin Wright