Paris ne veut pas des exilés

| publié le 25 décembre 2003 |

« Je ne veux pas de mini-Sangatte à Paris. » Mardi dernier, Bertrand Delanoë s’est montré intransigeant concernant le sort des dizaines d’exilés irakiens, afghans ou iraniens qui errent dans les rues de Paris - notamment dans le Xe arrondissement, quartier de la gare du Nord - depuis la fermeture du centre de Sangatte, fin 2002. Pris à parti par une vingtaine de membres du « Collectif de soutien aux exilés du Xe arrondissement », qui réclament des solutions d’hébergement en urgence, le maire de Paris leur a renvoyé une fin de non-recevoir. En coulisse, le maire de Paris est allé jusqu’à reprocher, à plusieurs reprises, aux membres du collectif de le traiter comme s’il était de droite. Référence à l’une des pancartes où l’on pouvait lire « Delanoë et Fillon laissent les exilés à la rue ». Et de préparer ainsi sa défaite aux prochaines élections municipales...

Vision extrêment étriquée

Une attitude qui a eu le don d’ulcérer les membres du collectif. « C’est une réaction qui témoigne d’un regard sur le monde par le petit bout de la lorgnette, déplore Jean-Pierre Alaux, l’un des responsables. Si la seule préoccupation de Bertrand Delanoë est de sauver sa réélection, il donne de la politique une vision extrêmement étriquée. » Créé au printemps dernier, le collectif du Xe se bat, depuis, pour venir en aide à ces exilés livrés à eux-mêmes, menacés parfois de clochardisation. Cet été, ils étaient une bonne cinquantaine à avoir trouvé refuge dans le square Alban-Satragne, dans le Xe arrondissement de Paris. Puis, l’hiver venant, ils se sont rabattus dans un parking souterrain, quelques rues plus loin, où ils passaient la nuit dans des conditions déplorables, régulièrement chassés au petit matin par les forces de l’ordre. Finalement, le 1^er décembre dernier, tous ont été expulsés sans qu’aucune solution d’hébergement ne leur soit proposée.

Le collectif de soutien a alors paré au plus pressé. Et trouver dans l’urgence des lieux d’accueil. Depuis près d’un mois, les exilés ont dormi, successivement, dans les locaux du PCF, de Médecins du Monde ou encore dans ceux de l’association Autre Monde. « C’est généreux, mais ce n’est pas la bonne solution, insiste le collectif. Même si les exilés échappent ainsi au risque de mourir de froid. » Hier soir, aucun hébergement n’a été trouvé pour la nuit. Le collectif a donc décidé d’organiser une manifestation dans les rues de Paris. Une manière de continuer à y croire. Mais aussi d’oublier le froid de l’hiver. « Nous attendons une solidarité conjoncturelle, insiste Jean-Pierre Alaux, et aussi une solidarité dans l’exigence politique. On n’arrêtera pas ce type de flux migratoire dans un monde où règne l’injustice, l’insécurité, la pauvreté... Plutôt que de ne pas vouloir voir ces exilés, faisons en sorte d’adapter notre politique d’immigration. »

Une « plate-forme de transit »

Après dix mois de lutte, une chose a été obtenue auprès de la mairie de Paris : la mise en place d’une « plate-forme de transit », destinée aux exilés qui ont fait une demande d’asile. A terme, ces derniers devraient être orientés vers des Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). « C’est un progrès, mais largement insuffisant », souligne Jean-Pierre Alaux. Car aucune solution, en revanche, n’a été apportée pour les exilés « primo arrivants », qui ne souhaitent pas demander l’asile ou qui ne sont pas encore informés sur les possibilités d’accueil. Le préfet de police de Paris, Jean-Paul Proust, se refuse à créer un dispositif d’hébergement et d’information en leur faveur. Il ne leur reste donc plus que la rue. Ou, au mieux, à trouver une place dans l’un des centres d’accueil d’urgence pour SDF. Une solution qui « convient parfaitement » au maire de Paris, selon ses propos tenus avant hier.

Laurent Mouloud

 

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