| publié le 20 janvier 2004 |
LE PLANNING de présence au square Alban-Satragne a été arrêté pour la semaine. « Pour l’instant, aucun hébergement n’est prévu », a prévenu hier le collectif de soutien aux exilés du X e arrondissement. Pour autant, deux membres de ce groupe se présenteront à l’endroit où les exilés, Kurdes iraniens et irakiens pour la plupart, convergent chaque soir depuis le mois de mars, dans la foulée de la fermeture de Sangatte. De plus en plus à Paris, les associations d’aide aux personnes démunies doivent recourir au système D pour trouver des locaux. S’il est un exemple qui illustre parfaitement la débrouillardise, c’est bien celui du collectif. Depuis six semaines, après avoir été expulsés du parking de la rue d’Enghien (X e ) où ils s’étaient repliés, ces hommes dorment tous les soirs dans un lieu différent.
« Chacun exploite son réseau de contacts comme il peut »
Il est 8 h 30, il y a quelques jours, et si une trentaine d’hommes se sont enfuis dès l’aube, une douzaine ont étiré la nuit de sommeil. Dans la salle paroissiale de l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville (XIX e ), déjà emmitouflés dans leurs anoraks, ils prennent un solide petit déjeuner. « Nous sommes une quinzaine de membres actifs, tous engagés dans une ou plusieurs associations, explique Maura, la correspondante du collectif qui est venue avec eux. Chacun a son réseau de contacts, et les exploite comme il peut. »
En un mois, ils ont ainsi dormi dans les bureaux de France Libertés, la fondation de Danielle Mitterrand. Ils ont aussi rejoint pour quelques nuitées un squat à Montreuil, les bureaux d’Autre Monde, différentes sections d’arrondissement du PCF (X e , XIII e , XVI e , XVIII e , XX e ), dans les bureaux de Médecins du monde, au siège national des Verts, au Centre international de culture populaire, à Act Up Paris, à l’église du Bon-Pasteur, au Gisti, à l’Association pour la gestion d’un centre d’animation culturelle (Ageca), où ils ont passé le réveillon, à la paroisse Saint-Merri, au siège national des Alternatifs, puis à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, grâce au Réseau chrétien immigré, qui compte une cinquantaine de paroisses, catholiques ou protestantes, au Mrap.
A la paroisse Saint-Hyppolite, dimanche soir, ils dormaient pour la dernière fois de la semaine au chaud. Mylène Stambouli, adjointe au maire en charge de l’exclusion, et Serge Blisko, maire du XIII e , étaient présents. Quand bien même l’accueil des étrangers relève de la compétence de l’Etat, le collectif leur a demandé de proposer des solutions concrètes et rapides d’hébergement et d’avenir. D’errance en errance, ces exilés-là n’ont pas fini leur long voyage.
Julie Cloris