Lettre ouverte à François Fillon

| publié le 4 mars 2004 |

Monsieur François Fillon

Ministre des Affaires sociales, de l’emploi et de la solidarité

127 rue de Grenelle

75007 Paris

Monsieur le Ministre,

Depuis la fermeture du camp de Sangatte à la fin de l’année 2002, des exilés - Afghans, Irakiens, Iraniens, Kurdes ou Soudanais - errent dans les rues de Paris, de Calais et d’autres villes françaises. Compte tenu de l’inhospitalité qui leur est opposée, ils s’interrogent : resteront-ils en France ? y solliciteront-ils éventuellement l’asile ? ou poursuivront-ils leur errance à travers l’Europe à la recherche de cieux moins hostiles ?

Ce sont des étrangers qui ont fui des pays en conflit ou politiquement instables, dans lesquels les droits humains sont bafoués. Pour la plupart, ils ont franchi de nombreuses frontières et parcouru de nombreux pays, les uns non communautaires, les autres membres de l’Union européenne. Leur accueil n’y a pas été meilleur qu’en France. Aucun des Etats qu’ils ont traversés n’a jusqu’ici offert à ceux d’entre eux qui cherchent une protection les conditions de dignité et de confiance qui auraient pu les convaincre de solliciter l’asile.

A cela s’ajoutent les effets du règlement européen Dublin 2. Ce texte prévoit, d’une part, que l’Etat-membre par lequel un étranger pénètre dans l’Union est, sauf exceptions, celui qui devra examiner sa demande d’asile ; il prévoit, d’autre part, que sa décision vaut pour l’ensemble de l’Union. Appliquée dans un climat général d’indifférence voire d’hostilité, d’absence d’informations et de rejet massif des demandes d’asile, cette règle dissuade les exilés de prendre le risque de signaler leur présence. Elle les conduit ainsi à l’errance, à la furtivité et à la misère.

Ballottés d’un pays à l’autre, les exilés qui ont trouvé refuge aux alentours de la gare de l’Est, dans le Xème arrondissement de Paris, sont le symbole de l’absurdité et de l’inadaptation de la politique européenne en matière d’accueil et d’asile. Ces politiques inadéquates, au niveau européen et national, vont à l’encontre des textes de référence relatifs aux droits de l’homme.

Depuis le mois de mars dernier, le Collectif de soutien des exilés du Xème arrondissement de Paris demande vainement aux pouvoirs publics d’agir, tout particulièrement au ministère des Affaires sociales, de l’emploi et de la solidarité, dont vous avez la responsabilité. Vos attributions vous permettent, en effet, de définir les conditions d’accueil, d’hébergement, d’information, de santé des étrangers primo-arrivants. Même si la seule amélioration de ces conditions ne pourrait suffire pas à assainir complètement la situation, elle pourrait au moins permettre aux exilés de choisir leur avenir à partir d’une connaissance des possibilités qui leur sont ouvertes dans des conditions matérielles respectueuses de leur dignité.

Nous vous avons explicitement demandé dans ce but :

 de faire en sorte que tous les demandeurs d’asile qui en éprouvent le besoin bénéficient d’un accueil dans les seuls centres spécialisés en la matière, à savoir des CADA (centres d’accueil des demandeurs d’asile).

 d’ouvrir des centres d’accueil et d’information aux étrangers primo-arrivants, destinés à leur assurer une étape dans des conditions satisfaisantes de dignité au terme de laquelle ils choisiraient leur avenir.

Depuis plusieurs semaines, ces revendications de bon sens reçoivent le soutien d’organisations de plus en plus nombreuses. Des associations (Act Up-Paris, AGECA, Autre Monde, CICP, France Libertés, Gisti, Médecins du Monde, MRAP), des formations politiques (les Alternatifs, de nombreuses sections parisiennes du PCF, les Verts) et des paroisses (Bon Pasteur, Saint-Merri, Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville, Saint-Hippolyte) ont ouvert leurs locaux pour une ou plusieurs nuits aux exilés. D’autres organisations s’apprêtent à se joindre à ce mouvement.

A nos propositions, qui nous semblent mériter une réflexion élargie à de nombreuses organisations qui s’intéressent à l’immigration et à l’asile, votre ministère a répondu par la désignation d’un opérateur - France Terre d’asile - qui a proposé une « plate-forme de transit » pour les demandeurs d’asile de Paris. Si cette plate-forme répond partiellement à notre première question, elle ignore totalement la deuxième.

Sur cette dernière question, votre ministère, la mairie de Paris, et celle du Xème arrondissement, la DDASS de Paris ont apporté une réponse insuffisante et insatisfaisante avec la seule mise à disposition de quelques dizaines de places isolées dans des centres d’hébergement d’urgence. De toute évidence, ce geste est qualitativement et même quantitativement inadapté aux besoins des exilés. De plus, de l’aveu même de la DDASS de Paris, il conduit à l’exclusion d’autres sans domicile fixe en raison de la pénurie de lits, y compris par grand froid.

Notre Collectif vous demande l’ouverture rapide de lieux d’accueil, d’information et d’accompagnement spécifiques parce que la nature des exilés requiert, outre l’hébergement, la mise à disposition de compétences particulières. Il va de soi que ces lieux ne sauraient ni de près ni de loin s’apparenter au camp de Sangatte, qui fut une détestable tentative de parquer les exilés dans l’espoir voué à l’échec de les dissimuler.

Espérant que vous admettrez le bien-fondé de nos requêtes, nous sollicitons à nouveau, comme nous l’avons fait lors de la conférence de presse du 15 décembre dernier, un entretien urgent avec vous de façon à compléter votre information et à trouver une solution à cette situation.

C’est dans cet espoir que nous vous prions, Monsieur le Ministre, de recevoir l’expression de nos salutations distinguées

Pour le Collectif de soutien,

Catherine Bourgain

avec les organisations suivantes : Acort (Assemblée citoyenne des originaires de Turquie), Agir dans le Xe, Alternative libertaire, les Alternatifs, AMF (Association des Marocains de France), Amnesty International (section française), ATF (Association des Tunisiens de France), ATMF (Association des travailleurs maghrébins en France), Attac 9e/10e, Autremonde, Cimade, C’SUR (Collectif de soutien d’urgence aux réfugiés, Calais), DAL (Droit au logement), Droits devant ! !, FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés), France Libertés, FTCR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives), G10 Solidaires, LCR, LDH (Ligue des droits de l’homme), Malakurd, Médecins du Monde (MdM), MRAP, PCF, Réseau Chrétiens-Immigrés, SNPM (Service National de la Pastorale des Migrants), Sud Education, les Verts

 

- Accueil
- la liste zpajol
Historique 2001-2007
9ème collectif
- communiqués
- Les sans-papiers du 9ème collectif à l’UNICEF
- Les sans-papiers du 9ème collectif sous la protection des syndicats
- Occupation de la Fédération 93 du PS - janvier 2005
CAE (Collectif Anti-Expulsions)
- Avec les collectifs de sans-papiers en lutte
- Communiqués du CAE
- Expulsions et inculpations de passagers
Guides et brochures
Brochures
- Brochure n°5 - Ni prisons, ni rétention, ni expulsions
- Guides juridiques
International
- Journées internationales d’action des 14-15 octobre
Matériel
- Affiches
- Autocollants
Qui sont les expulseurs...
- Groupe ACCOR
- Groupe ENVERGURE
- la Croix Rouge
- Rendez-vous
Rétention et zones d’attente
- Choisy-le-Roi (Val de Marne - 94)
- Palaiseau (Essonne - 91)
- ZAPI 3 (zone d’attente de l’aéroport de Roissy)
- Zone d’attente de la Gare du Nord (Paris)
actions et manifestations
- 2 avril 2005 journée européenne de mobilisation
- 2ème Caravane européenne pour la liberté de circulation et d’installation (Barcelone)
- 3ème journée européenne d’action sur les migrations (7/10/06)
- Manifestations
- mouvements dans les centres de rétention français
- Débats
- Ressources
Collectif des exilés du 10ème arrdt de Paris
Actions passées
- Accueil de nuit tournant hiver 2003-2004
- Appel à coucher dehors - juillet 2003
- Charter vers l’Afghanistan - Décembre 2005
- Interpellation des politiques - janvier à mars 2004
- Les anciens Zut ! Zut ! , le bulletin d’information du collectif.
- Mobilisations autour du Centre de Réception des Etrangers
- Occupation du SSAE - octobre 2003
- Premières mobilisations - mars à mai 2003
- Rapport sur la situation - mai 2003
- Compte-rendu des maraudes
- Infos pratiques sur l’asile
Les exilés à Calais
- Revue de presse
Les exilés sur les routes d’Europe
- Grèce
- Liens
Projets/Actions en cours
- Mineurs en danger
- Quelques photos
- Qui sommes nous ?
- procès Bouygues
- Caravane des Effacés slovènes (2006)