Invitation au débat : le dimanche 4 avril 2004 à 21h
| publié le 4 avril 2004 |
« Au commencement de nos mémoires il y eut la Guerre. L’Iliade en fit un récit. Après la Guerre : l’Odyssée. Ceux qui ne sont pas rentrés au pays, ni vivants ni morts, errent longtemps par toute la terre. Aujourd’hui, de nouvelles Guerres jettent sur notre planète des centaines de milliers, des millions de nouveaux fugitifs, fragments de mondes disloqués, bribes tremblantes des pays ravagés dont les noms ne signifient plus abri natal mais décombres ou prisons : Afghanistan, Iran, Irak, Kurdistan , la liste des pays empoisonnés augmente chaque année. ( ) « Qu’allons-nous devenir ? » disent ceux qui ont laissé leur nom, leur famille, leurs racines très loin derrière eux, que l’on appelle « réfugiés », « clandestins », « sans papiers », « migrants ». Et qui s’appellent entre eux, noblement, les « voyageurs ». Hélène Cixous
Face aux voyageurs l’Occident se détourne aujourd’hui, prend peur au son de leurs suppliques et se met à maudire ceux qui demandent asile. Phobie de l’envahissement, d’une mondialisation par le bas, d’une vague déferlante submergeant l’Amérique, l’Australie et l’Europe. Cette peur s’est propagée. C’est la peur extrémiste qui s’empare du pouvoir, Etat après Etat. C’est la peur modérée qui éloigne du combat des valeurs. C’est celle qui rend aveugle aux données objectives, sourd aux valeurs humaines et finalement muet quand l’inhumanité et la haine envahissent la Cité.
L’enterrement du droit d’asile en Occident, en Europe, en France défile alors sans cortège ou presque. Un symbole radieux s’éteint en un souffle technique. Le juridisme coupe, tord, restreint, corsète ce qui en reste et accroche au pilori des lieux communs le faux-réfugié : envahisseur, tricheur, parasite, irrégulier Et on le met en camp, ce faux réfugié. En camp ouvert, en camp fermé. Juste expulsé ou à peine arrivé. Il est regroupé, retenu, enfermé, rejeté, mis à l’écart ici ou plus loin, au bord du monde, loin du droit et loin des regards.
L’asile se meurt on le sait. Au delà de ce constat, que faire ? Continuer à trier aveuglément les vrais et les faux réfugiés sans en connaître aucun et en rejetant la plupart d’entre eux ? Laisser clore cette porte d’entrée trop étroite pour mieux s’attaquer à celle, plus vaste, d’un monde sans frontières ? Renoncer à l’asile pour ouvrir le marché des quotas de travailleurs utiles ? Ressusciter ou simplement inventer le droit de toute victime de persécution de refaire sa vie dans un autre pays ? Oser, dans une période de restriction continue du droit d’asile, demander son extension au-delà même des limites de la Convention de Genève ?
Le Théâtre du Soleil souhaite ouvrir un large débat avec tous ceux qui souhaiteront y participer afin de contribuer à élaborer une vision du monde et de notre société qui intègre cette réalité des migrations forcées et organise effectivement sa reconnaissance. Ce débat pourrait préparer d’autres rencontres ultérieures
Avec : Jean-Michel Belorgey (Conseiller d’état), Gérard Noiriel (EHESS), Catherine Teitgen-Colly (Université Paris I), Jérôme Valluy (Université Paris I), Gilles Piquois (avocat), Olivier Brachet (Forum Réfugiés), Jérôme Martinez (Cimade), Claire Rodier (Gisti), et, sous réserve, Louis Joinet (Commission des Droits de l’Homme, ONU)
Merci de confirmer votre présence auprès de Liliana Andreone ou Charles-Henri Bradier au 01 43 74 66 36,
ou par mail : charles-henri@theatre-du-soleil.fr