Belgique
Belga 5 avril 2006
| publié le 6 avril 2006 |
Un représentant du ministre de l’Intérieur a expliqué que la suspension depuis le 1er mars de la prorogation des ordres de quitter le territoire visant les Afghans était une erreur de l’administration, a annoncé mercredi, au cours d’une conférence de presse, l’Assemblée des voisins, des riverains qui soutiennent la cause des sans-papiers afghans. Du côté de l’Office des étrangers, on explique que la protection temporaire avait été octroyée aux Afghans par le ministre de l’Intérieur en 2003 et que cette protection sera maintenue sur avis du ministre.
Kaboul plus en sécurité ?
"L’Office des étrangers a toutefois été chargé de réexaminer les dossiers en vue de régularisations individuelles", a expliqué à Geert Degulder, attaché à la direction générale de l’Office des étrangers. Cet examen est en cours et des ordres de quitter le territoire ont été délivrés en attendant une nouvelle prorogation de 6 mois pour certains demandeurs d’asile, y compris ceux arrivés en Belgique après 2003. "Il faut examiner les cas individuellement. Ainsi, le danger n’est pas le même suivant les régions. A Kaboul, par exemple, c’est plus sûr actuellement", a précisé M. Degulder.
Une nouvelle politique est réclamée
La situation en Afghanistan est évaluée par l’Office des étrangers à partir de rapports d’ONG, du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) et de l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations), a ajouté Geert Degulder, alors que l’Assemblée des voisins estime qu’aucune évaluation n’est menée par le ministre qui prend la décision ou non de proroger le droit des afghans a rester en Belgique. Selon l’Assemblée des voisins, il leur a été demandé de fournir une liste des Afghans visés par ces ordres de quitter le territoire. "Ce n’est pas de notre compétence. On a l’impression de revenir 60 ans en arrière. Nous ne voulons pas réparer les erreurs des fonctionnaires à leur place. De plus, cette liste ne sera pas complète", a réagi Edith Mercier, membre de l’Assemblée des Voisins. "Seule une nouvelle politique en matière d’asile apportera une solution à ces erreurs qui s’accumulent et mènera au respect de la loi", avance Ali Guissé, porte-parole de l’Union de défense des sans-papiers qui a élaboré une proposition de loi.
Afghans ou pakistanais ?
Parmi la centaine d’Afghans visée par ces ordres de quitter le territoire, certains sont soupçonnés par l’Office des étrangers d’avoir la nationalité pakistanaise ; ces demandeurs d’asile sont suspectés d’avoir eu recours à des passeports falsifiés. "Les passeports sont contrôlés par les communes qui fournissent une photocopie à l’Office des étrangers. Il faut faire vérifier l’authenticité de ces passeports par un tiers. Pourquoi est-ce maintenant que l’Office des étrangers s’en aperçoit ? Et si on soupçonne une participation de l’ambassade afghane, il faut provoquer un incident diplomatique", a déclaré Mme Mercier.
Grève de la soif
D’après l’Assemblée des voisins, sur les 1.200 demandes de régularisations de 2003, 1.100 ont obtenu une réponse positive. Une centaine d’Afghans occupent un local paroissial sis chée de Boondael à Ixelles. Certains sans-papiers ont entamé une grève de la faim. "Ils sont actuellement à leur sixième jour. Ils sont déterminés et certains ont entamé une grève de la soif. On peut mourir déjà après quatre jours sans boire. Ces personnes vivent dans un local de 100 m2 et disposent d’une toilette mais pas de quoi se laver. Une personne a été hospitalisée mardi et d’autres sont déjà tombées inconscientes", a relaté le médecin Evelyne Dal.