De Ljubljana à Bruxelles
par les Effacés | publié le 25 octobre 2006 |
La caravane des Effacés (Izbrisani) partira le 27 novembre 2006 de Ljubljana pour rejoindre le 29 novembre le Parlement européen à Bruxelles, en passant par l’Italie et la France. Les Effacés de Slovénie veulent ainsi faire connaître aux parlementaires européens leur expérience de l’exclusion et du déni des droits, et inscrire leur situation à l’agenda des problèmes européens les plus aigus. C’est pourquoi le 29 novembre 2006 nous seront présents devant le Parlement européen.
En 1992, après l’établissement du nouvel état slovène, des milliers d’habitants de la Slovénie ont été effacés des registres de « résidence permanente ». Jusqu’alors citoyens égaux dans la République fédérale socialiste de Yougoslavie, nous sommes devenus des étrangers illégaux, privés des droits de l’homme élémentaires, économiques, sociaux, politiques, sans droit à la citoyenneté et à l’obtention d’un permis de séjour dans nos propres maisons. Nous sommes devenus des effacés.
Par deux fois, en 1999 et 2003, la Cour constitutionnelle slovène a jugé que la mesure d’effacement était inconstitutionnelle et illégale et a exigé la restauration immédiate de nos droits. Cette demande était soutenue par divers organes de l’ONU (le Comité consultatif et le Haut Commissariat aux droits de l’homme), par le Conseil de l’Europe et par Amnesty International. Néanmoins, jamais la Slovénie n’a restauré ces droits.
Nous, les Effacés, nous nous battons depuis de nombreuses années pour regagner des droits dont nous avons été privés. Puisque les autorités slovènes ignorent nos demandes légitimes et ne se conforment pas aux décisions de la Cour constitutionnelle slovène, nous sommes persuadés que la seule solution à notre problème est de l’européaniser. C’est pourquoi, le 4 juillet 2006, nous avons déposé une plainte collective devant la Cour européenne des droits de l’homme. En lançant ce projet de Caravane, nous espérons être soutenus dans notre démarche, qui permettra de faire connaître notre situation aux députés européens et plus largement aux citoyens européens.
Les habitants effacés de la Slovénie, qui sont maintenant des habitants effacés de l’Europe, s’interrogent sur le silence de l’Europe. Quelles sont ses normes, ses valeurs, ses projets ? Qu’est-ce qui fonde la citoyenneté européenne naissante ? Nous ne sommes pas seuls être effacés, l’effacement est un problème européen : il y a beaucoup de façons d’effacer les gens en Europe, et leur nombre croît.
Nous exigeons la reconnaissance des droits de résidence pour tous ceux qui en sont exclus, pour tous les invisibles et tous les effacés en Europe ! Le permis de résidence et le droit à la citoyenneté doivent devenir des normes démocratiques de base !
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